8 - Parents, place et participation à l'école
Problématique
Depuis la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 22 août 2005, le Cadre européen commun de référence pour les langues (C.E.C.R.L.) définit une base commune pour les programmes de langues dans les écoles élémentaires notamment. Quels outils et moyens dans et hors l'école peut-on se donner ou existent déjà pour atteindre cet objectif ? On constate en France une grande difficulté pour l'apprentissage des langues étrangères. La barrière des langues semble être un obstacle rédhibitoire à la construction de l'Europe et aux échanges. Comment se concrétise cet apprentissage en dehors de nos frontières ?
Animateur
Alain THIREL: Membre de la Commission Permanente de l'ANDEV
Intervenante
Corinne LOURTIOZ : Coordinatrice relais parents Lille Sud
Malheureusement, rebutés par les problèmes de transport, les autres intervenants invités n'ont pas réussi à rejoindre Tours.
Parent, s’investir à temps plein
Aujourd’hui, le lien entre l’école et les familles aurait tendance à se détériorer », d’après Corinne Lourtioz, en charge de la coordination au sein du relais parents de Lille-Sud. Elle tente néanmoins de le restaurer en redéfinissant la notion de parentalité : « Ce n’est pas seulement mettre au monde un enfant, mais en être responsable. »
Une confiance à acquérir
Selon Corinne Lourtioz, le cheminement à réaliser pour confier son enfant à l’éducation est loin d’être évident. Le portail de l’école ravive parfois les échecs scolaires des parents et plusieurs situations en découlent. « Certains auront tendance à se reposer sur les enseignants, en se déchargeant d’une partie de leur rôle, pourtant indispensable dans la réalisation des gamins. »
D’autres s’investissent beaucoup dans l’éducation de leur enfant, ajoutent des devoirs du soir et peuvent se montrer trop exigeants vis-à-vis de leur chère tête blonde, au risque d’étouffer leurs désirs d’apprendre. « Il faut trouver le juste milieu en n’omettant pas que le premier éducateur reste le parent », souligne la médiatrice.
Le syndrome de l’enfant objet
« Aujourd’hui, le nouveau-né est un objet de consommation », regrette Corinne Lourtioz. Sur ces mots durs, se traduit l’obligation du parent à devoir aimer son enfant, le chérir. Relayée par les médias, cette notion d’enfant « objet » est plus contrastée dans les faits qu’elle ne l’est dans les mentalités.
Ce phénomène tend à protéger son enfant des critiques des professeurs, le préservant des remarques désobligeantes, qui s’avèrent cependant constructives, dans la majorité des cas.
Un second épiphénomène réside dans la valorisation excessive des jeunes femmes enceintes, jeunes, en rupture scolaire et dans des situations précaires. Or, un enfant procure un statut social, que ces jeunes mamans convoitent. Le souci : elles peuvent manquer de maturité et, dépendantes financièrement et socialement, elles ne sont pas conscientes de l’importance de leur tâche. Selon la coordinatrice, « ces filles ne savent pas que c’est également l’enfant qui réalise les parents ».
La condition parentale menacée
« Beaucoup de familles coupées du système éducatif espèrent que leur enfant apprendra, à l’école, à se tenir droit, à défaut d’apprendre », constate Frédéric Jesu. Selon le pédopsychiatre, l’enfant « savant » disparaît pour l’enfant « obéissant » dans bon nombre de zones d’éducation prioritaire.
Frédéric Jesu, pédopsychiatre s’exaspère des créations récentes de centres de re-parentalisation et de la psychologisation des conditions de parentalité. « Ce n’est pas leur apporter un réel soutien », s’insurge le médecin. Bien souvent, le cadre de vie dérisoire est à revoir avant d’attaquer une remise en question. Pour beaucoup de familles, la barrière de la langue, les transports ou les horaires de travail ne permettent pas de s’investir dans la vie solaire de son enfant. La présence de médiateur comme Corinne Lourtioz semble alors indispensable.
De nos jours, la majorité des parents représente des personnes en repli éducatif. Leurs relations avec l’école est coupée, mais ces parents surinvestissent leur confiance dans l’école pour ne pas que leur progéniture subisse leur parcours et situation actuelle.